Par José Sarzi Amade et Leonor Taiano Campoverde.
Romancier et dramaturge, Seydou Koné est né le 5 mai 1982 à Ayamé, en Côte d’Ivoire[1]. Après des études primaires dans cette ville, c’est Grand-Bassam puis Abidjan qui l’accueillent pour ses études secondaires et universitaires. Seydou Koné est titulaire d’un master en droit des affaires et fiscalité des entreprises.
Seydou Koné a su s’imposer sur la scène littéraire ivoirienne mais aussi à l’international avec ses œuvres novatrices. L’auteur qui manie avec brio la plume d’un écrivain engagé, se veut le fer de lance et le héraut des avancés sociales dans son pays mais s’impose aussi sur la scène internationale par l’amplification de ses problématiques aux résonances universelles. Son écriture sans détours et sans ambages lui a permis de franchir les confins littéraires. Auteur éclectique, il réussit malgré son jeune âge, une percée dans l’univers du roman mais aussi celui du théâtre. Convaincus que Seydou Koné mérite une majeure diffusion, nous avons cru bon de lui poser ces quelques questions autour de son œuvre qui gagne à se faire connaitre.
Seydou Koné à la télévision ivoirienne RTI 1
Revista Mito: Seydou, merci d’avoir accepté l’entrevue, c’est un honneur de pouvoir en savoir plus sur votre œuvre…
Seydou Koné : Je voudrais vous remercier pour l’occasion que vous m’offrez pour parler de mes livres.
Revista Mito : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots, en mettant l’accent sur votre formation ?
Seydou Koné: Je me nomme Seydou Koné, je suis un jeune auteur de trois ouvrages à savoir « Le péché », « La déchirure » et « Le fils maudit », je suis de nationalité ivoirienne. J’ai suivi une formation en droit, mieux je suis titulaire d’un master en droit des affaires.
Revista Mito: Vous êtes le fils du reconnu auteur Amadou Koné, comment vous inscrivez-vous par rapport à l’œuvre de votre père ? Votre patronyme vous a-t-il plutôt favorisé ou vous a-t-il au contraire mis des entraves ?
Seydou Koné : Il faut plutôt dire que je suis le neveu du célèbre écrivain Amadou Koné, l’auteur du célèbre roman « Les frasques d’Ebinto ».Il faut dire que mon oncle est un écrivain didactique ; c’est dire qu’il donne des conseils au peuple à travers son œuvre. Par contre, moi, je suis un écrivain misérabiliste ; c’est-à-dire que je dénonce la misère sous toutes ses formes. Pour moi, c’est la misère qui engendre les guerres, les conflits. J’invite les décideurs de ce monde à créer des emplois pour réduire considérablement la pauvreté dans le monde.
Il faut dire que mon patronyme m’a favorisé puisque mon oncle est célèbre dans le monde entier. Grâce à nos liens de parenté, beaucoup de portes me sont ouvertes. Mieux, mon patronyme m’a plutôt favorisé.
Revista Mito : Pouvez-vous à présent nous en dire plus sur vos sources d’inspiration, de quoi
se nourrit votre œuvre ? Avez-vous un arrière-plan littéraire ?
Seydou Koné : Mes sources d’inspiration, je les tire dans la vie quotidienne, à la télé, dans les
journaux, les témoignages des gens. Comme je l’ai dit plus haut, je suis un auteur misérabiliste, c’est dire que mon œuvre dénonce la misère sous toutes ses formes. Il faut dire
que je dénonce d’autres maux de la société notamment la corruption, le réchauffement climatique, la prostitution, la cherté de la vie, le chômage grandissant… Lorsqu’on écrit un livre, on vise à atteindre un but avec son ouvrage. Mieux, je dirais mon arrière-plan littéraire c’est de contribuer grâce à mes œuvres à améliorer les conditions de vie des peuples du monde.
Revista Mito : Vous êtes l’auteur de trois livres, deux pièces de théâtre et un roman : « La Déchirure », « le Fils maudit » et « Le Péché », comment abordez-vous ces expériences de genre d’abord théâtrale puis romanesque ?
Seydou Koné : Merci pour cette très belle question. Il faut dire que le théâtre aborde mieux les thèmes qu’on souhaite développer ; ce sont des dialogues entre plusieurs personnages et les faits se déroulent généralement au présent. Par contre, le roman est un genre un peu complexe car c’est un récit en prose qui évoque des faits réels ou irréels. Il faut dire que c’est
avec passion, détermination, plaisir que j’aborde les expériences de genre théâtrale et romanesque.
Revista Mito : Dans votre roman « Le Péché », vous touchez le thème de la stérilité masculine, à travers le personnage de Bamba qui se voit réduit à solliciter de son meilleur ami
Baro Yacou, de « féconder » son épouse pour sauver son couple car celle-ci désire être mère plus que tout. Comment ce scénario s’est-il imposé à vous ? Vous faites-vous, derrière ces personnages, le héraut d’une cause encore aujourd’hui tue mais pourtant existante et problématique ?
Seydou Koné : je voudrais dire que l’histoire relative au roman « Le péché » est une histoire vraie, celle-ci a été vécue par le frère aîné de l’un de mes anciens professeurs. Les problèmes de stérilité masculine existent en Afrique mais ceux-ci sont vus comme un tabou. Tout simplement, en Afrique, une grande majorité de la population ne croit pas à l’existence de la stérilité masculine. Chez les africains, la seule stérilité qui est d’actualité est bien sûr la stérilité féminine. J’ai décidé d’écrire cette œuvre intitulée « Le péché » pour informer non seulement les africains mais également tous les peuples du monde que la stérilité masculine existe réellement. Il ne faut pas toujours jeter la pierre à la femme lorsque le couple n’arrive pas à procréer.
Revista Mito : Pour ce qui est du théâtre, vous avez réussi, avec « La Déchirure » à soulever un problème de société majeur qui se déroule dans votre pays natal mais qui pourrait aisément avoir lieu dans d’autres pays sous formes diverses : les différences de classes sociales, de cultures et le frein qu’elles posent dans le cadre d’un mariage entre deux personnes. En effet, tout semble séparait vos protagonistes et aspirants au mariage, Abdoulaye, riche avocat musulman venu du nord du pays et Assalama pauvre fille animiste qui elle vient du sud. Ces contradictions dans les termes n’auront pourtant pas raison de leur amour malgré les incompréhensions et les heurts suscités par leur entourage. L’autre pièce « Le Fils maudit » met en scène les errements d’un jeune garçon nommé Tiacoh qui malgré de brillants résultats à son baccalauréat commet l’irréparable aux yeux de ses parents puisqu’il met enceinte une collégienne du nom de Akoua. Pour « ce méfait », le garçon est chassé du domicile familial.
Dans vos trames théâtrales vous apparaissez comme un écrivain engagé, pourriez-vous nous faire part de vos combats, des messages que vous véhiculez sous le prisme de vos pièces ?
Seydou Koné : Je suis effectivement un écrivain engagé. En effet, mon combat vise à dénoncer les injustices sociales basées sur l’ethnie, la classe sociale, la région, la religion. Comme vous le dites, mon combat est universel dans la mesure où les sujets que j’aborde existent sur les tous les continents. Sous le prisme de mes pièces, mes messages visent à conscientiser le peuple surtout la jeunesse africaine et d’ailleurs à s’éloigner de certaines tares tels que la drogue, la facilité, la prostitution…J’interpelle aussi les décideurs politiques à surtout préserver notre planète, la terre, en luttant efficacement contre le réchauffement climatique.
Revista Mito : Vos pièces de théâtre ont-elles fait l’objet de représentation ? Quelles en sont vos impressions ?
Seydou Koné : Pour l’instant, mes pièces de théâtre n’ont pas encore fait l’objet de représentation. Cependant, des projets sont en cours pour la représentation bientôt de mes pièces de théâtre.
Revista Mito: Nous tenons à vous féliciter pour votre livre « Le Péché » qui fut l’objet de traduction à l’anglais sous le titre : « The Sin », au japonais : « 罪 » et même à l’espagnol avec « El Pecado », comment recevez-vous et expliquez-vous cette internationalisation ? Avez-vous eu l’occasion de vous enquérir de ces traductions, comment vous apparaissent-elles? Enfin, étant donné la traduction à l’espagnol, pouvez-vous gratifier nos lecteurs hispanophones de quelques fragments de votre livre ?
Seydou Koné : L’internationalisation de mon roman « Le péché » s’explique par le fait que l’ouvrage évoque une histoire, un fait qui touche tous les peuples du monde. Il faut aussi dire que l’art est le domaine dans lequel on ne peut pas tricher. En d’autres mots, un auteur qui écrit des histoires passionnante et universelle (ou qui touchent tous les peuples du monde) a de grandes chances que ces œuvres soient traduits dans de nombreuses langues. Actuellement, je suis en possession de l’ouvrage en anglais c’est-à-dire « The sin » ; je serai en possession des ouvrages en japonais et en espagnol dans quelques mois. Il faut dire qu’il y a une très grande différence entre les livres édités en Occident et ceux produits en Afrique. « The sin » est un ouvrage de qualité, il a été édité aux Éditions Authorhouse aux États-Unis d’Amérique, je le conseille vivement aux lecteurs ainsi que le livre en japonais et en espagnol. Avant tout propos, je dirais que « El pecado » a été édité aux éditions Casa eolo à Saragosse. J’ai étudié quatre langues vivantes à l’école : le français, l’anglais, l’allemand et l’italien. Malheureusement, je n’ai pas étudié l’espagnol.
Comme quelques fragments, je vais gratifier les lecteurs hispanophones de l’affiche de la présentation du livre en Espagne, « Presentación del libro « El pecado » de Seydou Koné ».
Revista Mito : On vous sait une valeur montante dans le panorama littéraire ivoirien, pourriez-vous nous en dire davantage sur l’état de la littérature dans votre pays ? Quels sont à vos yeux ses atouts et les améliorations ou stratégies à venir ?
Seydou Koné : La littérature en Côte d’Ivoire a beaucoup progressé. En effet, le pays enregistre de nombreuses maisons d’édition. Il faut dire qu’une flopée de librairies existe dans les grandes villes ivoiriennes. Comme amélioration, la littérature ivoirienne gagnerait à aider les auteurs ivoiriens à fréquenter des salons littéraires à l’étranger ; ces salons leur permettraient à s’améliorer davantage. Aussi la littérature ivoirienne gagnerait-elle à créer de respectables prix littéraires comme on le voit en France, aux États-Unis d’Amérique…
Revista Mito : Nous sommes arrivés au terme de cette entrevue, merci pour vous être prêté à ce jeu et par la même occasion d’avoir permis à nos lecteurs de découvrir votre œuvre littéraire, en espérant qu’elle soit prolifique, nous vous souhaitons d’autres conquêtes littéraires !
Seydou Koné : Je voudrais vous remercier (Revista Mito) pour l’opportunité que vous m’avez offerte pour m’exprimer. Je voudrais profiter de vos colonnes pour saluer mon oncle Amadou Koné, mon parrain l’écrivain Isaie Bition Koulibaly, ma famille en Côte d’Ivoire et à Londres.
[1] Le présent article fut rédigé à la suite d’une correspondance tenue en ligne entre journalistes et interviewé. Les auteurs de cet article ne sont nullement tenus responsables des éventuels abus ou usurpations d’identité découlant de ce mode opératoire.
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